Souvenirs du « soyeu »  tirer du journal  NORD-ECLAIR

Du  5/6 /11/2000

                   un lecteur nous écrit

Merci d’avoir rappelé à mon souvenir le « soyeu » qui

Etait posé à proximité du comptoir du café de mes parents

Avant 1900, mes arrière-grands-parents tenaient un

Estaminet ouvrier dans la rue de BLANCHEMAILLE

A ROUBAIX.

Mes grands-parents vinrent au début du siècle s’installer

 Au café des Beaux-Arts, rue de la gare, face à la place

Chevreul (avenue Jean Lebas, place des Martyrs).

Mes parents prirent la succession au début des années

Trente.la salle du café était aussi le lieu de vie de la famille

Le «décor » en reste gravé dans ma mémoire : un long

Comptoir de bois sur lequel était posé un verrier deux

Etages.Deux pompes à bière sur ce comptoir dont il

Fallait astiquer presque quotidiennement la barre de cuivre

De part et d’autre du comptoir, à hauteur d’homme, un

« bec de gaz » terminé par un manchon lui-même protége

Par un verre, rappelait que l’éclairage électrique avait eu

Un prédécesseur.A la  fin des années  quarante, j’ai encore

Vu, de temps en temps l’éclairage au gaz remplacer l’électricité

Défaillante .Sur les becs de gaz étaient accroches de petits

Trophées gagnes dans les baraques de tir à la foire .Et, sur

L’un de ces becs, un « soyeu » patientait .en fait il s’agit d’un

Scieur .Un soyeu est le mot en patois .Un soyeu,en roubaisien,

Est un casse-pieds, une personne pénible surtout par ses

Bavardages.

C’était un personnage d’une quarantaine de centimètres

Découpé dans une plaque de métal et représentant de

Profil .Il  portait casquette et vêtements peints, très colorées

 Sa main tenait une scie, à l’honrizontale.La jambe du

Soyeu était prolongée d’une longue tige de métal

Terminé par contrepoids cylindrique.Le pied du

Soyeu était  formé de pointe qui permettait de tenir

 En équilibre sur une barre du bec de gaz.              

Pas question de fermer trop tard !

Mes parents accueillaient une clientèle d’habitués

Pas question de fermer tard !

(D’ailleurs les horaires des débits de boisson étaient

Réglemente)  Mais parfois un « trainard » s’éternisait

Un peu trop au goût de mon papa, avec doigté et

 Discrétion, lançait le soyeu : une pichenette sur le contrepoids

 Et le soyeu était parti pour de longues oscillations ;

Inévitablement  il accrochait le regard du retardataire :

« Cha va, Désiré, j’ai compris ».De même, tout  nouvel

 Arrivant traduisait la situation par un : « Ah, l’soyeu y

Est  inroute… ».L’heure de fermeture restait donc

Raisonnable ,sans esclande.  

 

Musée  du terroir Villeneuve d’Ascq  /Art action APCR/ Jacques Mèssiant/ Souvenir de Soyeu/ Maes Léon 1898/1956